Personne ne comprend Apple sur les iPad, et c'est normal


6 modèles, 5 diagonales d’écran, 2 types de connecteur, 3 Magic Keyboard, des tarifs qui vont du simple au septuple, et maintenant 3 Pencil : jamais la gamme d’iPad n’a été aussi riche… et compliquée. Bon courage à celui qui voudra s’aventurer dans cette jungle qu’Apple gagnerait sûrement à élaguer.

L’iPad, combien de divisions ? Le lancement il y a quelques jours d’un nouvel Apple Pencil, qui s’ajoute aux deux autres déjà en vente, illustre par l’absurde la complexité de la famille de tablettes. Le constructeur a dû se fendre d’un tableau aussi récapitulatif que rébarbatif qui résume tant bien que mal les différentes fonctionnalités de l’accessoire. Les clients qui espéraient pouvoir acheter un Pencil sans se poser de question devront y réfléchir à deux fois !

Apple Ipad Confusion 3
© Apple

À première vue, on ne peut que saluer la volonté d’Apple de vouloir réduire le ticket d’entrée pour ses Pencil, le nouveau modèle étant vendu 95 €. Cela reste un prix élevé en comparaison du Crayon de Logitech, un stylet vendu 20 € moins cher et qui reprend la plupart des fonctions des Pencil. Malgré tout, venant d’Apple, difficile de faire la fine bouche. Mais plutôt que de faire le ménage dans son offre, le constructeur a décidé de conserver les deux autres modèles à 119 € et 149 €, ce qui ne manquera pas de plonger le consommateur dans des abimes de perplexité.

Par bien des aspects, ce nouveau Pencil aurait dû être lancé l’an dernier, en accompagnement de l’iPad 10. Apple a complètement revu le design de la tablette, en reprenant les formes inaugurées en 2018 avec l’iPad Pro : des tranches plates, des bordures plus fines, et un port USB-C bien pratique. Sauf que la firme à la pomme a cru bon de rendre ce modèle compatible avec l’Apple Pencil 1ère génération… équipé d’un connecteur Lightning !

Résultat, pour jumeler et recharger le Pencil à l’iPad 10, il faut en passer par un adaptateur, qu’Apple fournit heureusement avec le stylet. Il aurait certainement été beaucoup plus simple de proposer le nouveau Pencil USB-C en même temps que cette tablette — même si le jumelage entre l’iPad et l’accessoire nécessite de tirer un câble USB-C entre les deux appareils. Un câble devenu commun chez bon nombre d’utilisateurs, et qui sera moins facile à perdre que le petit adaptateur du Pencil 1.

Quelque chose de pourri au royaume de l’iPad

À ce compte, on peut se demander pourquoi Apple ne supprime pas tout simplement le Pencil de 1ère génération de son catalogue. Après tout, tous les iPad sont maintenant équipés d’un port USB-C, ils sont donc tous compatibles avec le nouveau Pencil USB-C… Mais ce serait oublier trop vite l’iPad 9 !

iPad mini
© 01Net

Ce modèle est toujours vendu par le constructeur, et malgré un design vieillot avec son bouton d’accueil, la tablette reste toujours dans la course grâce à sa vaillante puce A13 et surtout, un tarif d’entrée de gamme (à partir de 439 €) qui en fait un des chouchous des clients au budget non extensible. Elle reste également très prisée du secteur de l’éducation, notamment aux États-Unis.

iPad 9 64 Go au meilleur prix Prix de base : 389 €

Seul problème, l’iPad 9 embarque toujours un port Lightning : si Apple continue de vendre ce modèle, alors le constructeur n’a pas d’autre choix que de vendre aussi le Pencil premier du nom. Ce qui contribue à la confusion actuelle non seulement pour la gamme de stylet, mais aussi plus largement celle de l’iPad dans son ensemble.

La firme à la pomme manque-t-elle de courage pour remiser enfin l’iPad 9 au placard ? Les ventes doivent encore être trop bonnes pour ce modèle, et puis la disparition de ce modèle relèverait soudainement le ticket d’entrée des tablettes : l’iPad 10 commence en effet à 589 €, soit 150 € de plus que son prédécesseur.

Apple Ipad Confusion
© Apple

La présence de l’iPad 9 au catalogue n’est pas le seul problème qui touche cette famille de produits.

Le big bang de l’iPad

Abondance de biens ne nuit pas, dit la sagesse populaire. Mais à vouloir trop en faire, Apple a fini par rendre illisible la gamme d’iPad. Le paradoxe de cette segmentation extrême, c’est que les différences entre les modèles sont finalement ténues. Il existe évidemment des variations matérielles entre les modèles, au niveau des puces, des écrans et des capteurs, mais il faut chercher la petite bête pour justifier l’achat de telle tablette par rapport à une autre.

En termes de performances, et à l’exception d’une poignée d’applications spécialisées qui nécessitent réellement une grosse puissance de feu, tout est fluide et réactif peu importe l’iPad. Les iPad Pro se distinguent par leur appareil photo plus complet, le support de Face ID et un écran mini-LED de meilleure qualité que le LCD des autres tablettes — mais uniquement pour le 12,9 pouces. Quant à l’iPad 10, c’est la seule tablette qui intègre sa webcam sur la tranche longitudinale, pour des appels vidéo plus naturels.

L’iPad Air et son bouton d’allumage Touch ID. © 01net

Si le constructeur voulait rationaliser sa gamme et lui donner du sens, on pourrait lui conseiller d’abandonner l’iPad 9 (et l’Apple Pencil 1), de positionner l’iPad 10 comme une « vraie » entrée de gamme à moins de 500 €, de rapprocher l’iPad mini de l’iPad Air en leur donnant des caractéristiques similaires (à l’exception de la taille des écrans), et de mettre le paquet sur les fonctions « pro » pour les iPad Pro.

D’après la rumeur, Apple aurait en tête de rafraîchir le design des iPad Pro et d’y installer des écrans OLED : voilà qui marquerait de réelles différences avec le reste de la gamme, mais attention aux prix… Et si vraiment l’iPad 9 doit absolument continuer à servir le marché de l’éducation, pourquoi ne pas en faire une sorte d’iPad SE ou mieux encore, d’ePad comme il y avait eu au début des années 2000 un eMac pour les écoles ?

Quand Steve Jobs est revenu aux manettes d’Apple en 1997, une de ses premières décisions a été de simplifier drastiquement la gamme de Mac qui était partie dans tous les sens à l’époque. L’iCEO avait alors mis en place une grille avec deux ordinateurs de bureau pour le grand public et les professionnels ; et deux ordinateurs portables pour le grand public et les professionnels.

Autre temps, autres mœurs, ce qui avait du sens il y a 25 ans pour un Apple au bord du gouffre n’en a pas nécessairement aujourd’hui, mais l’idée reste bonne et elle pourrait s’appliquer assez bien à la gamme d’iPad. Encore faut-il que le constructeur le veuille !



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